Qui est celle que l'on surnomme la Sorcière du Vieux Lyon ?

Qui est celle que l'on surnomme la Sorcière du Vieux Lyon ?
Fabienne Trolat, allias la Sorcière du Vieux Lyon - Lyon Femmes

C’est un visage bien connu du quartier Saint-Georges… Fabienne Trolat, allias la Sorcière du Vieux Lyon, connait les traboules comme sa poche. Cette Croix-Roussienne de naissance se passionne très vite pour l’histoire de Lyon, et surtout les secrets que renferment les murs de la ville.

Depuis vingt ans, Fabienne propose des visites historiques et ésotériques, qu’elle prépare comme le ferait une historienne : "Je passe mon temps dans les bouquins, sur les chantiers archéologiques et les restaurations… J’adore comprendre. Je vais chercher dans les bibliothèques, un peu sur internet en croisant toujours mes sources". Fabienne se fit aussi à son ressenti : "Lorsque je me promène quelque part, je vais ressentir des choses. Je suis très à l’écoute des vieilles pierres. Et par rapport à ce que je ressens, je vais chercher la véracité historique de mon ressenti. Au fur et à mesure des années je me suis aperçue que, souvent, je tombais juste".

La Cathédrale Saint-Jean - Lyon Femmes

Ainsi, les visites de la Sorcière du Vieux Lyon nous emmènent de Saint-Jean à Loyasse, en passant par le Grand Hôtel Dieu, bâtiment historique de la presqu’île : "Mon ressenti est mitigé" nous confie Fabienne. "On sait qu’il y a eu énormément de souffrance. Le lieu où je suis le mieux reste le premier bâtiment, où l’on retrouve le Cloître avec le grand magnolia, parce qu’avant, dans le jardin, il y avait les plantes médicinales, cet endroit est relativement paisible". Une quiétude qui s’éloigne au fur et à mesure que l’on progression dans le lieu : "Quand on monte, on ressent de la souffrance".

Escaliers, Vieux Lyon - Lyon Femmes

La promenade continue dans le Cimetière de Loyasse. "Faut pas se leurrer, on va tous y aller. On a perdu cette idée que la mort faisait partie de la vie aussi. Y aller, c’est ouvrir un grand livre de pierre, et avoir une intimité avec des gens qui ont marqué notre ville : Georges Hoffherr (fondateur de la brasserie Georges), Lucien Bégule (peintre-verrier et archéologue), Édouard Herriot… ". 

"Les loups-garous, on y croyait dur comme fer".

Notre parcours nous amène inévitablement dans le Vieux Lyon. "On est attiré par la cathédrale quand on arrive". On y entre. Ici, on y trouve des touristes, des religieux, et des vestiges des croyances de l’époque, à l'instar des loups-garous. Fabienne raconte : "Les loups-garous, on y croyait dur comme fer. Des gens soignaient la maladie du loup-garou, qui a vraiment existé : les gens se transformaient en des êtres hirsutes qui se mettaient à baver, à hurler, qui avaient les yeux rouges, qui devenaient jaunes, on avait l’impression que des poils leur poussaient sur les bras. Ils avaient des hallucinations et des crises, et cette impression qu’ils se transformaient en loups-garous". Une maladie connue aujourd’hui sous le nom de la maladie de l'ergot de seigle. "S’il était trop vieux, il libérait des substances proches du LSD".

La Cathédrale Saint-Jean - Lyon Femmes

Aussi, avec l’arrivée du Christianisme, certaines fêtes païennes étaient interdites. "Des petits malins en ont profité. Certains vénéraient la déesse Cybèle. Ils montaient sur la colline, faisaient un trou avec une grille, égorgeaient des terreaux, se mettait en dessous et s’aspergeaient de leur sang, pour avoir prospérité, santé, etc… Mais c’était complètement interdit par le clergé. Alors pour y aller, ils se mettaient des peaux de loups sur le dos et partaient sur les hauteurs de Saint-Georges. Les gens étaient persuadés que les loups-garous existaient". Vous n’avez qu’à lever les yeux, et vous apercevrez les sept loups-garous aux oreilles pointues qui vous toisent au sein de la Cathédrale.

Vieux Lyon - Lyon Femmes

Lyon se visite, et Lyon se raconte. Fabienne puise ses récits dans les livres, mais aussi dans ses rencontres : "C’est mon travail, de rencontrer les gens. J’adore les personnes âgées du quartier, quelque part elles ont vécu ça. On peut se replonger dans un contexte". C’est en discutant avec elles que Fabienne apprend l’adage : "Il ne faut jamais dire du mal de Monsieur Philippe". Cette histoire nous amène jusqu’à la Cour des Loges, lieu symbolique pour Fabienne, où le médium soignait les gens dans son cabinet : "C’est un lieu complètement magique. Il y a une énergie positive exceptionnelle. Ne pas dire du mal de Monsieur Philippe était la condition pour être soigné. Il avait mis au point plein de médicaments. Il ne faut pas que les Lyonnais l’oublient. Je suis une passeuse d’histoires". 

La Cour des Loges - Lyon Femmes

Des anecdotes, Fabienne en connait des centaines. La Sorcière du Vieux Lyon propose des visites sur mesures en journée, et même les soirs pour plus de frissons.

Monsieur Philippe né en1849, fils de paysans. Très jeune, il garde le troupeau familial, en traçant un cercle avec un bâton, les bêtes n’en sortaient pas. Il s’installe à Lyon pour apprendre le métier de boucher, et soigne beaucoup de ses copains. Il se passe des choses étranges… Après un bref passage par l’école de médecine, en 1870, il va sauver un jeune soldat de l’amputation grâce à ses facultés. C’est dans la Cour des Loges que Monsieur Philippe installera son labo et son cabinet, au rez-de-chaussée, où il continuera à soigner des gens.