L’antivol olfactif : l’arme insolite d’une entrepreneuse lyonnaise

L’antivol olfactif : l’arme insolite d’une entrepreneuse lyonnaise
L’antivol olfactif : l’arme insolite d’une entrepreneuse lyonnaise - DR CactUs Lock

À seulement 23 ans, Aiko Leroux s’apprête à lancer sur le marché avec un antivol pas comme les autres.

Fondatrice de CactUs Lock, cette future ingénieure chimiste de CPE Lyon travaille depuis plus de trois ans sur ce projet né d’une frustration très personnelle : le vol de son vélo électrique flambant neuf, offert pour son entrée en école d’ingénieur.

"Pendant un concours étudiant, on nous poussait à réfléchir à des problèmes du quotidien. Le mien était tout trouvé : trois mois après l’achat, mon vélo avait disparu", raconte-t-elle. Un problème loin d’être isolé : en France, plus d’un vélo est volé chaque minute, et 84 % de ces vols aboutissent. Un antivol classique ne résiste en moyenne que 35 secondes face à un outil adapté, un délai dérisoire au regard d’un vélo qui peut valoir plusieurs milliers d’euros.

"On a misé sur le mental plutôt que le métal" 

Plutôt que de renforcer encore la résistance mécanique des antivols, Aiko Leroux et son équipe ont choisi une approche radicalement différente : s’attaquer au mental du voleur. "On ne peut pas vraiment lutter contre les outils. Mais contre l’humain, oui", explique-t-elle.

Concrètement, le dispositif CactUs Lock ressemble à un antivol haut de gamme. Mais en cas de tentative de coupe, le voleur libère involontairement un gaz chargé de molécules associées à la putréfaction. Résultat : une odeur insoutenable, un nuage de deux à trois mètres autour du vélo, et un effet psychologique immédiat.
"C’est inoffensif, parfaitement maîtrisé en concentration et en volume. Mais sur le plan neuroscientifique, certaines molécules déclenchent des réflexes instinctifs de fuite liés à la survie. Le voleur doit lutter contre lui-même s’il veut continuer", détaille la fondatrice.

Le produit est entièrement développé en région Auvergne-Rhône-Alpes et fabriqué dans une petite industrie. "C’est un projet familial, mon père m’accompagne sur l’opérationnel et la production. On ne s’y attendait pas, mais on forme un duo très complémentaire", ajoute Aiko Leroux.

Après des années de développement en laboratoire de recherche, la première industrialisation est lancée. Dès fin septembre, 250 exemplaires seront envoyés aux premiers utilisateurs. La commercialisation suivra, progressivement, en boutiques spécialisées vélo et moto, ainsi qu’en e-commerce. 

Produit haut de gamme, le CactUs Lock sera vendu autour de 260 euros. "Les antivols varient généralement entre 50 et 300 euros. Le nôtre intègre une technologie unique, il est fabriqué en France et pensé pour durer", insiste la fondatrice.

Avec ce pari audacieux, utiliser la science de l’olfaction et des biais cognitifs pour dissuader, Cactus Lock entend changer les règles du jeu face à un fléau qui touche chaque année des centaines de milliers de cyclistes et de motards.