Une tatoueuse lyonnaise au service des corps abîmés par le cancer du sein

Une tatoueuse lyonnaise au service des corps abîmés par le cancer du sein
Une tatoueuse lyonnaise au service des corps abîmés par le cancer du sein - DR

Après la maladie, la guérison et la reconstruction. Pascale Guinet n’est pas une tatoueuse comme les autres. Installée dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, elle est spécialisée dans les tatouages de reconstruction, notamment après un cancer du sein. La technique reste aujourd’hui peu connue et mal remboursée malgré sa nécessité pour les malades.

"Le tatouage, c’est se réapproprier son corps." Telle est la vision de Pascale Guinet. En 2021, cette tatoueuse lyonnaise a ouvert le studio Ginger Hell Tattoo du côté de la Croix-Rousse dans le 4e arrondissement où elle propose des tatouages classiques ou éphémères, de sourcils mais aussi des tatouages d’aréoles mammaires en 3D pour les femmes touchées par le cancer du sein. Ce fut surtout un changement de carrière pour Pascale Guinet, auparavant artiste plasticienne dans l’art contemporain. "J’ai commencé à vraiment me poser des questions sur le fait de vouloir devenir tatoueuse en 2017 quand j’ai découvert la possibilité de faire des aréoles mammaires en 3D pour les femmes ayant des cancers du sein", se souvient-elle. "Il y a le côté reconstruction qui me plaisait beaucoup et qui amenait une chose en plus", poursuit la tatoueuse.

Aujourd’hui peu connue, cette procédure esthétique est réalisée après une mastectomie ou une chirurgie mammaire reconstructive afin de recréer l’apparence naturelle de l’aréole et du mamelon. "On m’envoie d’abord des photos. Il y a parfois une cicatrice à recouvrir ou bien il reste un mamelon. Le travail n’est jamais le même", explique Pascale Guinet qui tient toujours à un premier rendez-vous avec une cliente. "Un premier rendez-vous pour se rencontrer où je lui explique comment ça va se passer. On regarde la colorimétrie et les encres que l’on va utiliser", précise la tatoueuse qui se veut surtout rassurante. Vient ensuite le temps du tatouage puis d’une dernière rencontre "pour les retouches".

"Je pense qu’un tatouage a toujours une signification qu’on la connaisse ou pas. Quand on fait un tatouage d’aréole mammaire, c’est hyper réparateur", insiste Pascale Guinet qui met en avant le manque de visibilité de cette procédure. "Les femmes qui le font le montrent très rarement. C’est extrêmement difficile d’en faire de la publicité pour que le pas puisse être franchi par les malades", ajoute la tatoueuse qui travaille aujourd’hui avec le centre Léon Bérard de Lyon tout en rencontrant d’autres médecins "pour leur montrer ce que je fais car ce n’est pas juste un rond coloré".

Le tatouage d’aréole mammaire a également un coût. Entre 300 et 500 euros selon les professionnels qui le réalisent. Les mutuelles ne le remboursent pas encore très bien tout comme la Sécurité sociale. Cela pourrait pourtant bientôt changer après l’adoption en janvier dernier par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi visant à améliorer la prise en charge des soins liés au cancer du sein, notamment le renouvellement des prothèses mammaires et du tatouage médical de l’aréole et du mamelon. "C’est une façon de se réapproprier son corps. Ce n’est plus la maladie qui décide, c’est vous", conclut Pascale Guinet. Le cancer du sein touche chaque année en France plus de 60 000 femmes.

A.D.