La Têtue, le vin lyonnais qui invite à consommer autrement

La Têtue, le vin lyonnais qui invite à consommer autrement
Géraldine Dubois - Lyon Femmes

Un domaine viticole n’a jamais aussi bien porté son nom : La Têtue. Derrière ce projet atypique, il y a Géraldine Dubois, qui propose un vin bio et local, dont elle gère la fabrication de A à Z. Rencontre.

Voilà une dizaine d’années que Géraldine s’est reconverti dans le domaine du vin, après dix ans passés dans l’industrie pharmaceutique.

Après une première expérience à côté de Beaune en Bourgogne auprès d’un négociant vinificateur (chargé d’acheter le raisin, et de fabriquer le vin), Géraldine se lance pleinement dans l’aventure vers Perpignan, où elle monte son domaine viticole qu’elle tiendra pendant deux ans.

Et c’est finalement ici, à Lyon, qu’elle a décidé de s’installer il y a deux ans. Ou plutôt de revenir, 20 ans après avoir quitter sa ville d’origine.

"Je me suis installée à nouveau à Lyon, sans trop savoir ce que j’allais faire. C’est d’ailleurs de là d’où vient le nom, La Têtue, parce que l’expérience dans le sud a été un peu compliquée" se confie Géraldine. "Je m’interdisais un peu de refaire du vin, mais ça m’a rattrapé. J’ai du mal à faire autre chose " ironise-t-elle.

C’est alors que se pose la question : devenir caviste ? Vendre du vin en vrac ? C’est finalement en visitant des locaux commerciaux que Géraldine prend conscience : "Je voyais déjà les cuves, le pressoir, et c’est là où je me suis dit mais enfin pourquoi tu t’interdis ?!".

Son idée prend forme. "Au-delà de créer un chai urbain, je voulais vraiment proposer un circuit ultra court du vin. C’est-à-dire déjà avoir mes propres vignes, ce qui était possible à Lyon puisque l’on a des vignes en Coteau du Lyonnais qui sont à moins de 20km de Lyon, d’apporter mes raisins en ville pour pouvoir produire le vin là où il est consommé".

Circuit (très très) court

L’autre volonté de Géraldine, c’était que les consommateurs puissent venir se servir directement à la cuve, afin de réutiliser les bouteilles, grâce à un système de consignes. Un service qui a tout de même ses limites "c’est difficilement réalisable quand on est à la campagne où quand on vend son vin à l’extérieur de son domaine, à l’étranger".

Un mode de consommation en réponse aux enjeux environnementaux, à l’heure où les matières premières s’épuisent. "Les matières sèches, c’est-à-dire les bouteilles, les bouchons et les étiquettes coûtent de plus en plus chers aux vignerons, on a du mal à s’approvisionner" alerte Géraldine. "On a aujourd’hui un contenant réutilisable quasiment à l’infini, pourquoi est-ce qu’on continue à jeter ces bouteilles en verre ?" interroge la vigneronne, qui fait le parallèle avec les assiettes : "c’est un peu comme la jeter à la fin du repas".

Géraldine voit grand, et voudrais que ce système se généralise : "je pense qu’on peut essayer de se remettre en question, notamment avec le changement climatique", tout en gardant une vision réaliste : "je suis bien consciente que j’y arrive parce que je le fais à un niveau artisanal, et que pour des gros fabricants c’est beaucoup plus complexe (…) cela implique de vendre plus localement".

Récupérer votre vin, directement à la cuve

Pour récupérer votre vin, rien de plus simple. Direction la rue Grobon, dans le 1er arrondissement de Lyon. C’est au numéro 3 que Géraldine vous accueillera du jeudi au vendredi en fin de journée de 17h à 20h et le samedi, de 14h à 19h. "L’idée c’est de venir avec une bouteille" explique la vigneronne. "Soit vous avez votre propre bouteille à la maison bien nettoyée à l’eau très chaude, soit vous n’avez pas de bouteille et dans ce cas je vous vend une de mes bouteilles réutilisable". L’une ou l’autre seront remplis directement à la cuve. 

Ce service s’adresse au particulier, mais aussi aux professionnels puisque Géraldine travaille avec une dizaine de restaurants sur Lyon, pour lesquels elle s’occupe de préparer les commandes et la livraison. Un lien se créé aussi avec les particuliers : "certains clients qui viennent ont eu l’occasion de gouter mes vins dans les restaurants et sont supers intéressés".

Autre plus que permet cette vente en direct : rencontrer la vigneronne, l’occasion pour les acheteurs d’en savoir plus sur cette démarche éco-responsable.

Vin bio ou vin nature ?

"On fait souvent peu la différence entre vin bio et vin nature" remarque Géraldine. "Le vin bio c’est un vin qui est issu de raisins exploités en agriculture biologique et vinifiés uniquement avec des produits bio". Le vin nature quant à lui est un vin dans lequel on ne rajoute rien du tout. "On laisse les raisins faire, souvent il n’a pas de filtration".

Dans sa micro cuverie, quatre cuves sont dédiées à la vente. On y retrouve Rouge d’ici et Blanc de là de 2020 en Gamay Chardonnay qui sont des appellations Coteau du Lyonnais, faits avec des raisins biologiques et vinifiés naturellement.

L’autre vin proposé par La Têtue, c’est Guerrière, un vin rouge de 2021 fruité et léger, avec des arômes de fruits rouges et des tanins fins. Une cuvé sortie il y a quelques mois. La dernière cuve est réservée à un autre vin blanc, en cours de production.

Impossible également de passer à côté du pressoir, de 15 hecto (1500 litres) qui donne tout son charme à la cave. Géraldine possède également une cave voutée, dans laquelle on y accède par des petits escaliers, et qui renferme des fûts contenant le vin blanc de 2022 qui la vigneronne a vinifié.

Autant de missions que Géraldine gère toute seule. "C’est beaucoup de travail. Ça fait un an et demi que je fais que ça". Mais la période se veut beaucoup plus calme, avec la fin des vendanges. "C’est le moment où on arrive à souffler un petit peu", avant une reprise soutenue en janvier avec le début de la taille des vignes. Un tunnel d’activité intense qui va durer jusqu’aux vendanges.

La Têtue, 3 Rue Grobon, 69001 Lyon.

Jeudi et vendredi 17h-20h, samedi 14h-19h.

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