Lyon : Genre, la marque "androgyne et libre"

Lyon : Genre, la marque "androgyne et libre"
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"Ensemble de traits communs à des êtres ou à des choses constituant un type." Telle est la définition du mot "genre" donnée par les jeunes créatrices Romane Vianet et Jasmine Boutaghat Matagne, qui est aussi celui du nom de leur ligne de vêtements unisexes. Une vision qui se veut différente de l'existence et de l'univers de la mode.

C'est à 12 243 kilomètres de Lyon que l'aventure Genre a débuté il y a plus de deux ans. A l'issue de leur cycle universitaire en droit, les deux amies Romane Vianet, la Lyonnaise, et Jasmine Boutaghat Matagne, originaire d'Aix-en-Provence, décident de mettre le cap vers l'Asie pour s'octroyer quelque mois off et partent à Bali dans le cadre d'une mission de travaux bénévoles pour la scolarisation des enfants. Nous sommes début 2020 et la pandémie Covid-19, qui a immobilisé la planète entière, va bientôt se propager : "Alors que nous étions à Bali que pour quelques temps, avant d'entamer un tour du monde, nos projets ont été stoppés nets et nous nous sommes retrouvées expatriées sur cette île pendant près d'un an", se remémore Romane, aujourd'hui âgée de 25 ans.

Bien que confinées dans un cadre paradisiaque, les deux jeunes femmes ont rapidement besoin de trouver du sens à leur isolement. Et cette épreuve va alors se transformer en réelle opportunité : "Nous avons découvert une nouvelle culture très riche et avons fait la rencontre d'autres expatriés qui s'étaient lancé dans de passionnants projets personnels. Nous avons longuement réfléchi à ce que nous voulions faire et avons alors décidé de créer notre  propre marque", explique Romane. Alors qu'elles se destinaient à la magistrature, les amies décident donc de devenir... créatrices de mode ! Une décision fortement impulsée par Jasmine, "passionnée de vêtements", et par le goût de Romane pour la communication et l'entreprenariat.


Jasmine et Romane​​​​​

"Apporter de la nouveauté et donner du sens"
Pourtant autodidactes, les nouvelles créatrices mûrissent leur projet : "Oui, nous voulions faire de la mode, mais nous souhaitions avant tout innover dans le domaine, apporter de la nouveauté et donner du sens", soutient Romane.  Elles sont également influencées par leur environnement et par la liberté vestimentaire qui le caractérise : "À Bali, les personnes se promenaient dans tout type de tenues, on ne ressentait pas cette pression autour du vêtement que l'on a souvent en France", se souvient Romane. "Et lors des cérémonies locales, hommes et femmes portaient tous le traditionnel sarong", une pièce de tissu rectangulaire portée sous forme de jupe.

Ces différents éléments vont leur permettre de définir leur style, avec "des modèles androgynes et libres" : "Nous désirons mettre en avant la liberté vestimentaire et ne pas cloisonner les vêtements à un rayon", souligne Romane qui soutient que leur philosophie n'est pas axée sur un courant idéologique (la question du genre et de la non binarité étant très présente aujourd'hui dans le débat public, ndlr) mais sur une réelle volonté de casser les codes, d'élargir les visions et d'apporter "une véritable liberté". Quant au nom de la marque, il se veut "un pied de nez avec ce qui définit et ce qui se retrouve à la base des inégalités hommes-femmes, et un jeu de mots avec l'expression "Genre", très utilisée dans le dialecte des jeunes".


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Des vêtements unisexes et adaptables
La première collection a été ainsi dessinée et produite à Bali. Elle se caractérise par des vêtements oversize, "dans lesquels on peut bouger" et un style minimaliste. "Dans nos créations, on a une réelle influence de la mode asiatique, notamment du Japon, avec des coupes fluides que l'on peut ajuster à son propre style", explique Romane. Pantalons, blazers, shorts, chemises ou même jupes sont destinés "à être autant portés par une femme, un homme ou une personne non-binaire", mais peuvent être adaptés à sa personnalité : "Le même pantalon peut être porté de manière loose sur les hanches de manière masculine ou, au contraire, ceinturé à la taille d'une façon très féminine. La jupe, unisexe bien sûr, peut avoir un aspect très viril sur un homme et, agrémentée d'un top sexy, ultra glamour sur une femme", s'enthousiasme la jeune créatrice.

La couleur noire, caractéristique de leurs modèles, a été choisie "par une nécessité de contrainte de production" et car "elle ne souffre pas d'être associée à un genre" ni "de nuire à une pièce à l'identité déjà forte comme la jupe kilt". De nouveau installées en France, les deux stylistes se concentrent sur leur nouvelle collection, produite dorénavant au Portugal, et promettent "une déclinaison de couleurs". Les modèles sont disponibles, pour le moment, sur leur site Internet mais devraient bientôt se retrouver dans plusieurs boutiques dans toute la France. Un petit pas pour Jasmine et Romane qui travaillent déjà à la conquête du marché asiatique...

genreoff.com

D. S.

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