Bonjour Peggy, présentez-vous.
Je suis Peggy Leroy, j’ai 44 ans et je suis gérante de l’agence Del In spécialisée en design global, architecture d’intérieur et scénographie, depuis 2003. Je gère une petite équipe, en ce moment, nous sommes deux, mais nous montons parfois jusqu'à 5 en fonction de la charge de travail et des chantiers. J’ai suivi des études d’architecture d’intérieur, je suis diplômée d’Olivier de Serre à Paris. J’ai fait mes armes en tant que freelance aux Ateliers du Spectacle toujours à Paris, dans la création de décors éphémères, c’est là que j’ai appris toute la technique du décor ! Je suis ensuite venue à Lyon, ma ville de cœur, pour monter ma société à 24 ans ! À l’époque, c’était assez audacieux d’ouvrir sa propre boite aussi jeune, surtout qu’au tout début nous avions une boutique, près de la place Bellecour. L’idée était de diffuser des jeunes créateurs en boutique au rez-de-chaussée en changeant de thématique tous les 3 mois. Et à l’étage, nous avions un bureau d’étude d’architecture et d’événementiel. Cette première expérience professionnelle m’a permis de construire et de consolider mon réseau, mais aussi de me rendre compte de mon attrait évident pour l’art. Car, en boutique, nous proposions des œuvres d’artistes de tous les horizons : on mélangeait tout, le mobilier, les photographes, les peintres et bien d’autres encore. Aujourd’hui, j’essaye de ne pas perdre cet amour pour l’art, en continuant de l’intégrer dans mes différents projets de rénovation.
DR/Anne Clément
L’un de vos derniers projets concerne la métamorphose de l’Embarcadère dans le quartier Confluence. Comment ça s’est passé ?
Pour moi, c’est un lieu incontournable à Lyon, destiné aux événements professionnels : conventions, salons, conférences… Avec l’Embarcadère, c’est une histoire de longue date, nous nous connaissons plutôt bien. Nous avons travaillé pour eux en 2019, où nous avons commencé à monter un petit peu en gamme en travaillant la signalétique et les éléments de décors intérieurs. Un premier travail assez léger, mais qui a porté ses fruits puisque c’est tout naturellement qu’ils sont revenus nous chercher pour la suite et c'est dès lors que nous avons entamé la plus grosse rénovation du lieu. Nous avons travaillé autant sur la charte graphique, l'identité visuelle que sur la rénovation intérieure jusqu'au design de certains éléments du mobilier.
En règle générale, comment trouvez vous vos inspirations pour vos différents projets ?
Mes inspirations viennent vraiment de mes clients. C'est avant tout des projets d'accompagnement . Ma première inspiration, ce sont eux, leur histoire et j’adore raconter des histoires à travers mes différents projets. Concernant le processus créatif, il y a une première prise de contact où je laisse clairement parler le client : ses besoins, ses envies, son budget, ses contraintes. Nous, on fait le tri dans tout ça et on revient vers lui, en proposant des pistes. La communication est permanente, c'est très important. Le client nous fait un retour sur ses premières impressions, et nous avançons comme cela au fur et à mesure jusqu’à actionner les travaux et mobiliser les artisans derrière.
DR/Sabine Serrad
Quelles sont les valeurs que vous aimez transmettre à vos équipes ?
Le fait qu'il faille toujours s'adapter. Que tout projet est unique et que le client en est avant tout la base.
Quel est votre mot d’ordre ? Quelle est la touche Del In ?
Pour moi, ce qui est important, c’est de travailler avec plaisir. Je trouve que l’on s’embête déjà bien assez dans la vie pour ne pas être dans un relationnel simple et une certaine sérénité au travail. Ce qui est essentiel, c’est de rire et de sourire. Si on ne s’amuse pas, alors à quoi ça sert ? Je ne pense pas qu’il y ait de style Del In. Le mot minimalisme serait approprié pour parler de notre travail, j’aime bien aussi que ça soit contemporain. J’aime également les coloris affirmés : si on me laisse carte blanche, je mets du noir partout ! J’aime challenger mes clients pour les amener vers une identité plus forte et plus marquée.
Comment vivez-vous le faite d’être une femme entrepreneuse ? Est-ce difficile ?
Ce n’est pas simple tous les jours, mais je ne peux pas dire que ça soit « difficile ». Je pense qu’il faut savoir s’adapter au quotidien, être vraiment bien entourée et soutenue, par son cercle familial et ses collaborateurs. Donc ce n’est pas simple, mais ça se fait ! Et d’autant plus dans le bâtiment qui est un milieu effectivement plutôt masculin, aujourd’hui nous arrivons à avoir des équipes qui sont très à l’écoute et avec beaucoup de respect mutuel. Mais je suis heureuse de voir que ça bouge en tout cas !
DR/Sabine Serrad
D’autres lieux que l’on pourrait connaître ?
À Paris, nous nous sommes occupés de la rénovation de l’Hôtel Arc de Triomphe Etoile. Dans l’événementiel, nous avons assuré le gala de la Croix-Rouge à Monaco pendant 12 saisons. À Lyon, l’équipe du salon Printemps des Docks nous a demandé de gérer leur direction artistique pendant deux éditions. Nous travaillons aussi sur pas mal d’appartements lyonnais, plutôt haut de gamme pour des particuliers. On vient d’ailleurs de terminer un appartement dans le 6e arrondissement avec un rooftop de 65 m2, magnifique !
Quel serait votre projet idéal ?
Je pense que ça serait la rénovation globale d’un hôtel avec une carte blanche totale, en réunissant mes 3 domaines d’expertises : la scénographie, l’architecture d’intérieur et la création d’identité graphique. Repenser intégralement l’image d’un hôtel et inviter le visiteur à vivre une expérience unique dans un lieu de prestige.
Propos recueillis par A.C.