JE SUIS VIERGE, ET ALORS ?

JE SUIS VIERGE, ET ALORS ?

Elles ont plus de 20 ans et n’ont jamais fait l’amour… Parce qu’elles ont peur, n’ont jamais été amoureuses, sont croyantes ou, simplement, parce qu’elles refusent de faire comme les autres.

Enquête sur des jeunes femmes finalement très libres. Etre vierge peut être vécu comme une grande souffrance

 
« Une fille qui n'a jamais fait l'amour… ? Non, ça, j’ai pas. Des filles qui ont plein d’amants, oui, mais des vierges… » Quand on demande autour de soi qui connaît une fille « qui n’a jamais couché avec un garçon, sans être ultra croyante et qui a plus de 20 ans », un silence gêné s’installe. Puis vient le : « Moi ? Connaître quelqu’un de pas cool à ce point-là ? » La chair n’est plus triste, elle est tyrannique. « La sexualité est devenue un domaine de plus où il faut être performant, regrette Béatrice Copper-Royer, psychologue pour adolescents. Nous manquons totalement de liberté ! Il y a vingt-cinq ans, quand j’ai commencé à exercer, personne ne s’inquiétait d’être encore vierge à un certain âge. Aujourd’hui, on se sent marginal, presque taré. C’était un étendard, c’est devenu un fardeau. » Paris Hilton a beau déclarer qu’elle souhaite se faire recoudre l’hymen avant de se marier, la virginité est considérée, de nos jours, au pire comme intégriste, au mieux comme ridicule (cf. le succès du film comique américain « 40 ans, toujours puceau »). Pour les vierges tardifs – VT, comme on dit sur les forums Internet –, c’est même une grande souffrance. Tous parlent de la peur qui les étreint, de l’impression de manquer de confiance en eux, d’avoir « raté un train à l’adolescence »
 
Pourquoi vouloir rester vierge à tout prix ?
 
« J’ai été très étonnée, en faisant mon rapport, de l’écart entre les peurs des adultes et la réalité, explique Yaëlle Amsellem-Mainguy. Les adultes paniquent parce que la sexualité de leurs enfants leur échappe, ils fantasment sur la pornographie, sur Internet, sur l’enfance qui ne serait plus protégée… Mais qu’ils se rassurent, les ados ont des valeurs très fortes. Le discours normatif continue de se dire, d’être très présent, mais autrement. Cela fait des décennies que, grâce notamment à la généralisation de l’enseignement secondaire, l’âge moyen du premier rapport reste autour de 17 ans. Et la France a un niveau de fécondité adolescente particulièrement bas. La jeunesse sexuelle est assez sage. » Entendez : il n’y a pas vraiment eu de révolution sexuelle ! Alors, pourquoi avoir si peur de la sexualité, vouloir rester vierge à tout prix ? « Je crois, reprend Nathalie, qu’au fond ce n’est pas tant que je veuille rester vierge, je n’ai pas peur de l’acte sexuel. Ce que je veux, c’est qu’on attache de l’importance à ma virginité. Qu’on comprenne que je vais donner quelque chose de moi, perdre un peu de moi. » En cela, elle n’est pas différente de ses camarades pré ou post-dépucelage. « Il y a un grand idéal du premier rapport, confirme Yaëlle Amsellem-Mainguy. Les filles veulent le mettre en scène, avec des bougies, du parfum. Elles veulent le vivre le mieux possible. »
 
Perdre sa virginité, un rite de passage à l'âge adulte
 
Alors, ce qui différencie ces jeunes femmes vierges des autres, c’est plus le hasard des rencontres, le manque de confiance en soi, qui fait qu’on a peur de l’autre, que l’attachement à des valeurs. « Très peu font n’importe quoi la première fois, assure Béatrice Copper-Royer. Pour toutes, c’est un moment capital. Et si c’est l’histoire d’un soir, c’est en général mal vécu même si ce n’est heureusement pas déterminant pour l’avenir. Je pense que toutes ont conscience que c’est peut-être le dernier rite de passage qu’il nous reste. Après, on n’est sans doute pas encore un adulte, mais on n’est plus un enfant. » Sondage à la sortie des lycées. « Vierge, et alors ? » répondent les ados. Pour elles, l’important, c’est de « se donner au bon moment avec un garçon qui est prêt lui aussi ». La honte ? Ce n’est pas d’être vierge tard, c’est de « l’avoir fait » trop tôt. « J’en connais une, elle a été “déviergée” à 12 ans parce qu’elle voulait frimer. Après, elle a mal tourné… Ça, c’est la honte », dit Maureen, 16 ans. « C’est cela la première cause d’exclusion d’un groupe, avance Yaëlle Amsellem-Mainguy. Il n’y a aucune solidarité féminine pour celles qui le font de façon débridée. » Les temps n’ont pas changé. Ou si, peut-être : on est drôlement sérieux quand on a 17 ans.
 
Source: www.elle.fr
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