N'en déplaise au touriste pressé en visite à Casablanca. Ici s'élève l'immeuble La Princière, joyau des années 1920 conçu par l'architecte français Alexandre Cormier. Mieux : le sombre couloir qui s'enfonce dans les entrailles du bâtiment mène, au premier étage, à l'Antic Palais, charmant café resté dans son jus avec ses jolies boiseries et ses miroirs d'époque, mais modernisé depuis avec son Wi-Fi. Une adresse idéale pour siroter un nousnous (moitié café, moitié lait), loin du rythme trépidant de la ville blanche.
Trop souvent réduite à son sens aigu des affaires et à ses embouteillages monstres, la capitale économique du Maroc a en effet vécu l'une des plus fécondes et étonnantes aventures de l'urbanisme moderne. Déjà en proie à une intense activité commerciale, la petite ville portuaire devient durant le Protectorat français, entre 1912 et 1956, le terrain d'expérimentation d'une génération d'architectes issus des Beaux-Arts de Paris.
Dans les logements neufs qui poussent comme des champignons, ascenseur, chauffage central, vide-ordures, parking souterrain, mais aussi salle de bains avec toilettes seront testés en avant-première. Véritable laboratoire à ciel ouvert, Casablanca en plein boom se permet tous les styles et toutes les nouveautés. Et s'enrichit en retour des matériaux locaux et des savoir-faire vernaculaires. Le zellige, carreau de faïence typiquement arabo-andalou, remplacera la céramique et le toit-terrasse enchantera les cubistes.