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Jeudi 26 Septembre 2013 à 11h07
«L’Homme nu dans l'art», le grand retour
L’homme nu ?
De «Nackte Männer» à «L'Homme nu»
Il y a un an, le Leopold Museum à Vienne en Autriche avait montré le chemin avec une exposition pionnière qui cartonnait. Nackte Männer suscitait un écho planétaire …et était plébiscité surtout par les femmes. C’était la première grande exposition sur l’homme nu dans l’art. Et dès le début du projet viennois régnait un parfum de scandale. Les organisateurs viennois étaient obligés de barrer le sexe sur les affiches placardées partout dans la capitale autrichienne et qui montraient trois footballeurs black-blanc-beurre nus. Une œuvre aussi percutante qu’amusante des artistes français Pierre et Gilles. Vive la France (2006) questionne la morale et les valeurs de la société actuelle, entre culte du foot et du corps et l’homophobie.
Le «Je» dénudé
Aujourd’hui, le musée d’Orsay continue à Paris le propos entamé à Vienne. Seulement 14 des 186 œuvres sont identiques dont Vive la France de Pierre et Gilles et des œuvres d’Egon Schiele. À travers de ses autoportraits, l’expressionniste autrichien a fait entrer l’homme nu dans la modernité : « Le sujet n’est plus un vis-à-vis nu, mais un 'Je' dénudé, explique le co-commissaire Tobias Natter, directeur du Leopold Museum de Vienne. C’est une approche radicale et passionnante avec des centaines d’autoportraits où il questionne son propre corps et sa propre sexualité à travers des distorsions expressionnistes, de nouvelles positions, etc. Ainsi il ouvre la porte pour l’autoportrait nu qui devient un sujet central de l’art du 20e et 21e siècle. C’est la première fois que le potentiel politique de l’autoportrait nu est exposé au grand jour. »
Ce nu masculin dans la ligne de la Renaissance
Contrairement à Vienne, Paris met clairement l’accent sur le 19e siècle tout en présentant un parcours qui s’étire sur plus de deux siècles : « Cela commence vers 1800, parce que c’est le moment du néoclassicisme français, explique la co-commissaire Ophélie Ferlier. C’est un moment où l’on est à l’acmé de ce nu masculin dans la ligne de la Renaissance. Pour nous c’était très important de prendre comme le point de départ un moment où le nu masculin est triomphant et dominant. »
Aujourd’hui, on est loin de l’époque où l’homme nu incarnait la base de l’art occidental et de la formation artistique dans les Académies. Beaucoup des œuvres exposées au musée d’Orsay restaient longtemps dans les réserves ou étaient mises dans un contexte beaucoup trop banal pour être réellement vues. « Dans notre société, on a moins l’habitude de voir des hommes nus que des femmes nues. Dans ce domaine, on est l’héritier du 19e siècle qui érige le nu féminin comme le seul porteur d’érotisme, d’objet de désir. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont encore dans cette logique-là et ils ont du mal à voir le nu masculin comme un nu à part entière. »
Source : rfi