"Ça interroge" : elle publie un magazine dont le contenu est entièrement généré par l’intelligence artificielle

"Ça interroge" : elle publie un magazine dont le contenu est entièrement généré par l’intelligence artificielle
Nathalie Dupuy - DR/@cherrystone-Jonathan Thevenet

Tout est parti d’une simple blague…

La "World Street Fashion" en couverture, des publicités, des photos de mode, des décryptages, des interviews, des recettes de cuisine… IELS (HESHE) a tout d’un traditionnel magazine féminin à l’exception d’une mention qui interpelle en Une : "Contenus rédactionnels et visuels intégralement générés via IA". L’IA c’est l’Intelligence Artificielle qui fait beaucoup parler ces derniers mois…

Nathalie Dupuy est à l’origine de ce magazine. Graphiste à Lyon et directrice artistique à son compte depuis 20 ans, elle a dans un premier temps eu envie de "faire rigoler ses collègues" en testant les intelligences artificielles, notamment MidJourney en générant des visuels. Résultat : "Une tête d’homme très belle sur un corps de femme très belle. Je n’ai jamais réussi à regénérer de nouveau ce personnage. Comme un bug…", commente Nathalie Dupuy qui s’interroge alors de plus en plus sur l’intelligence artificielle. Elle imagine alors un magazine s’inspirant de ce personnage qu’elle baptise IELS (HESHE) dont le texte est généré par ChatGPT et le contenu visuel par MidJourney. La réalisation ne prend que quelques heures et le résultat est bluffant… à première vue puisque le contenu est "un peu plat et creux".

Nathalie Dupuy partage ce magazine sur les réseaux sociaux et les commentaires ne tardent pas, principalement en privé. "Personne n’a vu que c’était une blague. J’ai toujours annoncé que c’était de l’IA. Je n’ai jamais trompé qui que ce soit et ça n’a jamais fait mouche", se rappelle la directrice artistique dont les questions se multiplient. "Où en sommes-nous au niveau de nos métiers à tous par rapport à l’intelligence artificielle ? En tant que graphiste est ce que l’IA est capable de générer un magazine ?"

Certaines interrogations trouvent des réponses. "Cet outil déroute, fait peur, questionne… Moi ça m’a rassuré ! La plume humaine et l’œil d’un photographe humain ne sont pas encore challengés à mon sens", assure-t-elle.

"L’IA est là, pas depuis 5 minutes mais depuis 20 ans. Je pense qu’il faut l’apprivoiser. On a toujours moins peur quand on comprend. Nous sommes sur un tournant. C’est tellement nouveau que rien n’a été acté en termes de lois et de propriété. Il y a des guides de bonne conduite à avoir là-dessus. Il va falloir réfléchir à tout ça", ajoute Nathalie Dupuy qui permet à tous de découvrir ce magazine "expérimental".

La graphiste n’entend en effet pas s’arrêter là face à la place de plus en plus importante prise par l’intelligence artificielle. "J’ai vraiment envie de continuer à explorer les questions de fond", conclut-elle.

A.D.

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