Estelle Mossely vise les JO de Paris : "Montrer qu'on peut assurer dans une grande compétition tout en menant une vie de femme"

Estelle Mossely vise les JO de Paris : "Montrer qu'on peut assurer dans une grande compétition tout en menant une vie de femme"
Estelle Mossely - DR Karime de la Plaine

Championne olympique à Rio en 2016, Estelle Mossely participe ce week-end au tournoi de pré-sélection organisé par la Fédération française de boxe en vue des Jeux Olympiques de Paris en 2024.

La boxeuse, qui s'entraine désormais à Lyon, s'est confiée à Lyon Femmes avant ce rendez-vous décisif.

Huit ans après Rio, les Jeux Olympiques à Paris, c'est un rendez-vous à ne pas manquer ?
Bien sûr ! Maintenant que je suis repartie à l'aventure, je vise la plus belle des médailles. Je me suis beaucoup posé la question. Est-ce que je le retente ou pas ? Mais maintenant que je suis dedans, je souhaite vraiment réussir ce pari.

L'aventure commence dès ce week-end, avec le tournoi de pré-sélection. Comment vous êtes-vous préparée ?
Dès que j'ai pris ma décision de participer aux JO, à l'été 2022, je me suis mise au boulot. J'avais des combats professionnels prévus, mais l'idée, c'était de retoucher au rythme amateur, qui n'a rien à voir avec le rythme professionnel. Quand mon dernier combat pro en décembre a été annulé (à Kinshasa, ndlr), on a pu se concentrer sur les échéances qui arrivent.

Cela va bientôt faire un an que vous n'avez pas combattu…
C'est toujours délicat de ne pas boxer pendant un certain nombre de mois, surtout quand les combats sont annulés au dernier moment. La dernière grande pause remonte à mes grossesses. Mais il y a cette échéance olympique qui, elle, ne pouvait pas être annulée… Donc je suis restée motivée. Et ça a permis d'emmagasiner de la préparation, donc ce n'est pas plus mal.
Depuis votre sacre à Rio, vous êtes devenue maman. C'est une source de motivation supplémentaire ?
Oui, j'ai une autre vie qu'à Rio. Pendant un moment, la maternité était quelque chose qui était indépendant de mon sport. Là, ça prend tout son sens. Mes enfants seront assez grands pour avoir conscience de ce que je fais. Je repars sur un challenge olympique à haut niveau, à un moment de ma vie où ce n'est pas très naturel de repartir sur un tel challenge. Le temps passe, il y a une forte concurrence avec des athlètes plus jeunes, à l'image de celle que j'étais à Rio… Ce n'est pas le choix le plus facile pour moi, mais j'ai à cœur de le réussir. J'espère que ça permettra de montrer l'exemple qu'aujourd'hui, on peut faire les choses si on s'en donne les moyens, et qu'on peut être une femme et assurer dans de grandes compétitions tout en menant sa vie de femme.

Justement, est-ce que vous vous considérez comme un modèle pour toutes les petites filles qui se disent en vous voyant que tout est possible ?
J'espère ! Ce sont les réussites qui font les exemples. Si je réussis ce challenge, ça aura d'autant plus de résonnance. La portée des Jeux, ce n'est pas seulement une portée sportive. C'est aussi une portée sociale. On fait passer tellement de messages à travers une victoire olympique. Donc réussir ce challenge de doublé olympique après avoir eu deux enfants, ça permettrait d'être un exemple supplémentaire auprès de ces jeunes filles.

On a d'ailleurs l'impression qu'il y a de plus en plus de filles qui se lancent dans les sports de combat…
Après Rio, il y a eu beaucoup de femmes qui ont voulu faire de la boxe, mais on n'a pas fait un travail suffisant pour les garder ou donner envie à d'autres de pratiquer. On a eu l'exemple de 2016, on sait maintenant l'impact que ça peut avoir. On espère que Paris 2024 amène de belles choses. C'est un travail commun entre la fédération, les sportifs et les différents acteurs de notre sport pour optimiser au maximum les choses pour les JO de Paris et que ça perdure au-delà de l'événement.

Pourquoi avoir choisi Lyon comme point de chute pour votre préparation ?
C'est une ville qui me tentait depuis bien avant les Jeux de 2016. J'y avais beaucoup d'amis, dont un entraineur lyonnais. Il se trouve que je suis passée pro, que j'ai voulu me positionner dans un contexte plus familial, avec des gens très proches de moi. Des gens qui comprennent l'enjeu de reperformer après avoir eu deux enfants et qui adhèrent à ce projet. Il se trouve que cet entraineur était le frère d'une très bonne amie à moi à Lyon. On a voulu tester et ça a matché. Il est performant, il connait le haut-niveau amateur et ça avait du sens, surtout avec l'idée de repartir sur les Jeux après quelques combats professionnels.

Cet entraineur, c'est Kamel Hasni, du Boxing Lyon United. Que vous a-t-il apporté ?
On a fait un gros travail ensemble pour me remettre sur pied après ma grossesse, pour reprendre aussi ce qui a fait ma force à Rio, ma mobilité notamment, ma rapidité que j'avais un peu perdue en boxant en pro ou en boxant aux USA. Donc j'ai retrouvé des fondamentaux. Et puis Kamel Hasni devient aujourd'hui entraineur de l'équipe nationale. Donc cette collaboration prend encore plus de sens, c'est vraiment une chance. Les choses se goupillent bien à l'approche des Jeux. Et aujourd'hui, je suis très attachée à ce club.

F.L.

Tournoi de pré-sélection en vue de Paris 2024
3,4 et 5 février – Palais des Sports Pierre-Ratte, à Saint-Quentin

X