Ces scientifiques lyonnaises, avenir de la recherche…

Ces scientifiques lyonnaises, avenir de la recherche…
DR/Clémence Losfeld

Les femmes ne représentent aujourd’hui que 29% des chercheurs en France contre plus de 33% au niveau mondial.

A cela s’ajoutent fréquemment le manque de reconnaissance et les difficultés quotidiennes à poursuivre leur carrière scientifique. Rencontre avec cinq chercheuses lyonnaises prometteuses dont le travail a été récemment récompensé par le Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco.

"Faire avancer le traitement de la sclérose en plaques"
Aurora Pignata, 35 ans
(post-doctorante) a réalisé son master et sa thèse à Lyon à l’Institut NeuroMyoGène

Son travail de recherche :
"Mon projet de recherche vise à comprendre le rôle des lymphocytes T résidents, des cellules immunitaires circulant entre le cerveau et la moelle épinière, chez les patients atteints de sclérose en plaques. Mes résultats mettent notamment en évidence l’implication des lymphocytes T résidents dans l’inflammation chronique du système nerveux central ce qui pourrait faire de cette population de cellules une cible thérapeutique."

Être une femme dans le domaine de la recherche ?
"J’ai toujours été entourée par des personnes extrêmement bienveillantes mais ce n’est que mon cas personnel. Actuellement, les femmes dans la science sont peu représentées et c’est un peu le parcours du combattant pour elles d’atteindre des postes à très haut niveau. Il faut absolument améliorer cette représentativité."
 
 

"Surveiller les effets indésirables des médicaments"
Manon Cairat, 30 ans
(post-doctorante) a réalisé sa thèse à Lyon

Son travail de recherche :
"Je travaille sur les potentiels effets cancérigènes ou anticancérigènes des médicaments largement utilisés dans la population comme l’aspirine, l’ibuprofène ou la cortisone. En fac de sciences, j’ai entendu parler de l’affaire du Mediator. En m’y intéressant, j’ai pris conscience de l’importance de surveiller les effets indésirables des médicaments et j’ai voulu faire de la pharmaco-épidémiologie allant dans ce sens."

Être une femme dans le domaine de la recherche ?
"Ce qu’on voit en général c’est que les femmes ont moins confiance en elles et du coup dans un milieu d’hommes il est parfois difficile de s’affirmer et d’être valorisées. Il faut encourager les jeunes filles qui se disent qu’elles ne peuvent pas aller dans une carrière scientifique mais aussi les jeunes femmes en début de carrière pour qu’elles continuent."

"Protéger les données personnelles dans le monde de l’intelligence artificielle"
Edwige Cyffers, 26 ans
(doctorante) a étudié à l’ENS de Lyon en mathématiques (Ecole Normale Supérieur)

Son travail de recherche :
"L’intelligence artificielle utilise aujourd’hui énormément de données. L’idée est qu’on entraîne un algorithme à se protéger des attaques comme les usurpations d’identité et les logiciels de rançons de données. Il y a une beauté mathématique derrière. Je veux aussi défendre les enjeux éthiques souvent malmenés par la communauté."

Être une femme dans le domaine de la recherche ?
"Beaucoup de choses vont mieux depuis le mouvement #MeToo. Il y a par contre encore beaucoup de boulot dans le domaine de la recherche en informatique. Ça m’arrive d’avoir un manque de considération de la part de certains collègues. J’ai aussi pu être confrontée dans mon parcours à des agissements sexistes mais aussi à des agressions sexuelles… Il y a une marge de progression. La prise de conscience des problèmes est encourageante. On peut espérer que ce milieu va beaucoup apprendre."

"Améliorer la prise en charge des patients touchés par la première maladie génétique en France"
Alice Briole, 28 ans
(post-doctorante) a étudié à l’ENS de Lyon, une école qui forme principalement à la recherche et à l’enseignement

Son travail de recherche :
"Mes recherches portent essentiellement sur la drépanocytose. Chez les patients atteints, les globules rouges prennent une forme de faucille au lieu d’être ronds, souples et de ressembler à des disques au bord plus épais. Plus rigides, ils circulent moins bien et viennent boucher les capillaires sanguins. Cela déclenche chez les patients des crises extrêmement douloureuses et dangereuses. Il n’existe aucun test prédisant ces crises, mais pendant ma thèse, j’ai travaillé sur un marqueur fluorescent qui permet de sonder la rigidité des globules. À long terme, cette technique pourrait aboutir à la création d’un test qui nous permettra de prédire les crises – et d’améliorer très significativement la vie des patients."

Être une femme dans le domaine de la recherche ?
"C’est sûr qu’il y a encore du travail à faire. C’est vraiment une réalité à laquelle les femmes sont confrontées quotidiennement. J’ai eu beaucoup de chance au cours de mon parcours car j’ai été entourée des bonnes personnes. Ce prix qui récompense les femmes dans la science doit participer à la sensibilisation de manière générale des futures générations."


"Permettre au secteur de la perliculture de réduire ses déchets plastiques"
Margaux Crusot, 30 ans
(doctorante) est originaire de Lyon (Grézieu-la-Varenne)

Son travail de recherche (en Polynésie française) :
"Mes recherches consistent à permettre au secteur de la perliculture de réduire ses déchets plastiques. La filière utilise, par exemple, des collecteurs en plastique sur lesquels viennent se fixer les huîtres alors que ceux-ci sont polluants. Mes travaux visent d’abord à quantifier ces déchets puis à proposer des alternatives plus durables, comme les biomatériaux. Ces recherches ont contribué à faire évoluer la réglementation polynésienne sur les ventes de matériel de culture."

Être une femme dans le domaine de la recherche ?
"Même si je n’y suis pas confrontée, il y a encore des progrès à faire pour les femmes dans la recherche, notamment par rapport à certains milieux qui sont très masculins."

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