Wintower : elles vont mixer pour la première fois à la Halle Tony Garnier

Wintower : elles vont mixer pour la première fois à la Halle Tony Garnier
Elles vont mixer pour la première fois à la Halle Tony Garnier à l'occasion de Wintower - DR

Elles vont enflammer la Halle Tony Garnier les 24 et 25 février à l'occasion du festival lyonnais Wintower ! Rencontre avec les Dj Marija et Pechko, deux passionnées de musiques électroniques et de clubbing !

Vous êtes venues pour nous parler un peu de votre parcours musical. Donc qui êtes-vous, d’où venez-vous et que faites-vous ?

Marie : Je m’appelle Marie alias Marija, je vais avoir 29 ans, j'ai grandi à Valence, mais j’habite à Lyon depuis 10 ans et je travaille dans l'enseignement. J'ai toujours aimé la musique, chanter et jouer plusieurs instruments, ça fait deux ans que j'ai commencé à m'initier un peu aux platines et je me suis mise à vraiment mixer devant du monde il y un an.
Pauline : Moi, c’est Pauline alias Pechko, j’ai 27 ans, drômoise d’origine et Lyonnaise de cœur depuis 6 ans. Je suis venue à Lyon pour mes études en marketing. J’ai de suite été conquise par la culture électronique que dégage cette ville, mais également par sa richesse gastronomique et culturelle au sens large. Aujourd’hui, je rentre en reconversion professionnelle dans le milieu du bien-être.

Un petit mot à propos du collectif Romanesque, dont vous faites partie ?

L’association Romanesque a été créée en 2014 à Romans-sur-Isère (d'où le nom) dans le but de réveiller et dynamiser les centres-villes alentours en organisant des événements autour de la musique électronique. Romanesque, c’est aussi une bande de copains, passionnés par la musique, qui a une énergie folle, une authenticité réelle, et un mélange de profils aux influences variées, animés par le partage et la convivialité. On suit toutes les deux le projet depuis des années et on est heureuses d'y contribuer aujourd’hui en tant que DJ. On est actuellement 7 : Alex Autajon (du label Moveltraxx), le duo Club Halieutique avec Je t’aime RacheL (Florian) et Rico Azzurro (Pierrick), Malice (Matisse), Winston Wolfe (Willy), puis nous deux, qui jouons souvent en B2B, mais aussi chacune de notre côté dans des univers qui nous sont propres.

Marija - Bellona club, Lyon

En vous intéressant à cette culture club, y a-t-il eu un ou une artiste, ou une nuit passée en club qui a été déterminante, une sorte de "révélation" pour vous ?

Marie : J’ai toujours aimé danser, sortir écouter de la musique. Je pense notamment aux soirées Nova[Mix]Club qui avaient lieu au Sucre il y a quelques années. Je dirais que c’est là où j’ai vraiment commencé à m’intéresser à la culture club. Mais si je devais parler d’une soirée déterminante, ce serait fin 2021 à Paris que j'ai vu pour la première fois jouer le duo Kamma & Masalo : en tant que "bébé DJ", je me suis dit que c’était exactement ça que j’avais envie de transmettre ! C’était si coloré et harmonieux, je me suis dit que c’était fou l’impact que la musique pouvait avoir sur notre corps et notre cerveau.
Pauline : De mon côté, j’ai toujours été happée par les clubs, l’effervescence de ce milieu, la musique forte, les basses qui résonnent, les jeux de lumières… Je suis quasi en transe à chaque fois et j’adore danser, ça joue beaucoup (rires). Et sans vouloir lancer des fleurs au collectif Romanesque, c’est clairement grâce à leurs premières soirées sur Valence, Romans et autres que j’ai découvert ces vibes incroyables qui changent bien de nos bonnes vielles boîtes de nuit (rires). Je dois quand même avouer que le Sucre m’a maintes et maintes fois surprise, surtout lors de mes premières sorties par concept : je me souviens avoir adoré les Black Atlantic Club, les Sono mondiale, les Children of the Drum, ou encore (et toujours) les Sunset Society.

Votre prochaine date approche, celle du Wintower à la Halle Tony Garnier le 24 février pour toi Marie, et le 25 pour toi Pauline, comment vous sentez-vous à l’approche du festival ? 

Marie : Je suis très curieuse et heureuse de vivre cette expérience un peu différente et surtout de découvrir la Halle Tony Garnier, cette fois, côté artistes. En général, je n’y pense pas trop à l’avance, mais il y a quelques semaines, dans le métro, avec mon grand-frère qui me rendait visite à Lyon, nous sommes tombés par hasard sur une pub pour le Wintower. J’ai vu ses yeux pétiller lorsque je lui ai dit que j’allais y jouer aussi, aux côtés d’artistes aussi populaires ! Il était si surpris et fier, c’est là que j’ai réalisé que c’était vraiment cool pour moi.
Pauline : J’ai vraiment hâte ! C’est un honneur de participer à un événement de cette ampleur. Quand j’ai vu mon nom aux côtés de Mr Oizo, ça m’a mis une petite claque. C’est un artiste que j’écoutais beaucoup plus jeune avec tous les collègues d’Ed Banger donc, je suis très fière. Je suis aussi excitée à l’idée de découvrir la scénographie et ce que le staff a pu concocter cette année.

Pechko - Pinata Radio

Avant de mixer, comment chacune se prépare-t-elle ? Est-ce que vous arrivez avec une idée précise de ce que vous allez jouer, ou bien vous arrivez en free style selon les réactions du public ?

Marie : Pour moi, ça dépend du type d’événement et de la longueur du set. Si je dois mixer seulement une à deux heures, j’essaie de préparer une ambiance musicale assez précise, car, on ne dirait pas comme ça, mais ça passe très vite ! Mais je ne prépare jamais trop à l’avance, car j’ai envie que ça match avec mon humeur et celle du public. Au-delà, ça va être beaucoup plus en freestyle. J’aime bien prendre des risques en fonction du public et souvent ça marche très bien.
Pauline : J’adore cette question parce que ce sont les deux ! Parfois, je me lance des challenges en jouant au moment T, avec mon ressenti. Et d'autres fois, je vais me préparer à fond : forcément, si on joue dans un bar ou dans un club, les enjeux ne sont pas les mêmes. En club, tu dois assurer pour que le dancefloor reste fougueux !

Vous avez déjà mixé dans des cadres assez variés : dans des clubs, certains plus petits que d’autres, avec des programmations parfois assez éclectiques. Ce sont des expériences assez différentes, non ?

Marie : Je trouve ça très enrichissant de découvrir de nouveaux lieux, de faire de nouvelles rencontres autour de la musique et c’est toujours un défi de se confronter à un public différent. Ce n’est pas toujours simple de réussir à les amener là où on a envie, mais c’est un réel exercice qui nous pousse dans nos retranchements.
Pauline : Totalement. Chaque lieu a son âme et son public. Et aussi, intrinsèquement, chaque soirée dans un même lieu est différente. Je trouve que c’est ça qui rend l’expérience excitante ! Bar, club, festival, radio, il y en a pour tous les goûts et c’est chouette, car on peut vraiment s’exprimer largement et offrir des expériences musicales différentes.

Pechko et Marija - Heat pour les Nuits Sonores 2022 / DR - Laurie Diaz

En tant que femmes, avez-vous remarqué une vraie différence, de traitement ou de réaction ? Ou alors est-ce que les barrières de genres se cassent pour ne laisser plus que la musique ?

Marie : J'ai déjà remarqué quelques petites différences, mais à l’image de notre société dans laquelle il y a encore du travail à faire. Cependant je dirais qu’au contraire, j’ai l’impression que ce milieu est quand même précurseur sur plein de points. Personnellement, je ne me sens jamais aussi libre et peu jugée que sur le dancefloor. En tant qu’artiste, je pense qu’il s’agit surtout de faire ses preuves indépendamment de notre genre ou autre, et fournir un contenu de qualité doit être notre priorité. 
Pauline : Clairement on voit une belle évolution de ce côté, je trouve. Nous, on est arrivées au moment où justement dans les grandes villes, avec un état d’esprit plus ouvert, de plus en plus de femmes dj apparaissent. Mais effectivement ça nous arrive d’avoir des remarques déplacées ou de la non considération du fait de notre genre.

Pour finir, si chacune devait choisir 3 morceaux, qui ont marqué son histoire musicale personnelle, ce serait lesquels, et pourquoi ?

Marie : Liste vraiment non-exhaustive, mais je dirais : Lo Senza Di Te (Hysteric edit) - Katia : pour le côté italo-disco et parce que j’ai joué ce morceau lors de mon tout premier set qui est un de mes plus beaux souvenirs de 2021 ! Ensuite, Calypso Of House (Paradise Mix) -  Key Tronics Ensemble : dédicace à mes copains de Club Halieutique qui me l’avaient fait découvrir. Je l’écoute souvent en bossant et je ne m’en lasse pas depuis des années. Et enfin, mon premier single que j’avais eu en CD quand j’étais en CE1 : Daddy DJ - Daddy DJ ! Ça me rappelle la toute première fête de ma vie : les 7 ans d’une camarade de classe un mercredi après-midi. À chaque fois que je l'écoute, je nous revois en 2001 à nous agiter comme des folles dans son salon.
Pauline : Question trop dure mais j’ai choisi : Flamingo Hangover de VS que j’ai découvert au Sucre avec les Mawimbi. C’est un peu grâce à eux que je me suis intéressée à tout l’univers afro via leurs compiles incroyables. Ça me transcende, clairement. Ensuite, Gelty d’Ahmed Frakroun. J’adore la funk, j’adore les sonorités et les langues orientales. Et pour finir, un combo idéal et tellement authentique, Idiot de Siriusmo. J'écoutais cet artiste au lycée et tous les artistes d’Eb Banger, je pense que c’est grâce à ce label que j’ai commencé à réellement m’intéresser à la musique électronique.

Leur mix aux Nuits Sonores 2022 à découvrir ici

Propos recueillis par A.C.

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