"Tordre le cou aux préjugés qui persistent" : cette orthophoniste lyonnaise veut changer le regard sur le bégaiement

"Tordre le cou aux préjugés qui persistent" : cette orthophoniste lyonnaise veut changer le regard sur le bégaiement
Photo d'illustration - DR

C’est une particularité qui touche 5 à 10% des enfants et 1% des adultes.

"Le regard de la société sur le bégaiement est en train d’évoluer complètement influencé par les mouvements de fierté et d’inclusion." Philomène Tanguy en est sûre. Cette orthophoniste lyonnaise accompagne depuis maintenant une vingtaine d’années des personnes qui bégaient. "Il y a quelque chose de soi qu’on engage dans ce métier. On s’intéresse au patient dans sa globalité, bien sûr à sa communication mais aussi à sa façon de vivre et réagir au bégaiement", explique-t-elle avant d’ajouter que le bégaiement "est un laboratoire qui interroge en permanence les orthophonistes".

C’est la raison pour laquelle Philomène Tanguy a décidé d’écrire un guide publié aux éditions Vuibert avec à ses côtés l’illustratrice Gomargu. "J’avais une envie de tordre le cou à des préjugés qui persistent sur le bégaiement pour changer le regard de la société. Que la société ne regarde plus le bégaiement comme un trouble ou comme un défaut mais plutôt comme une particularité, une différence, comme quelqu’un qui parlerait avec un accent étranger", explique l’orthophoniste.

Philomène Tanguy - DR

Bégayons sous la pluie ou l’art de bien bégayer est le titre de ce guide illustré ayant pour objectif d’être "au service de la compréhension" dans lequel le lecteur va pouvoir trouver de l’information sur ce sujet "complexe" du bégaiement. Eclairages pour les parents concernés, conseils, soins orthophoniques… "Ce livre a pour but de sensibiliser la société pour la désensibiliser. Que la société tolère mieux le bégaiement et que ce soit moins tabou d’en parler", insiste Philomène Tanguy qui veut avant tout combattre les stéréotypes sur ce trouble.

"Ce préjugé de dire que pour bien communiquer il faut une parole fluide, il faut le faire tomber. Ce serait important qu’on puisse voir un jour des journalistes ou des acteurs qui bégaient parce que le bégaiement fait partie de nos sociétés. En le cachant, on participe au sentiment de honte que peuvent ressentir certaines personnes qui bégayent", conclut l’orthophoniste lyonnaise.

A.D.

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